Et puis je suis devenue instit. Et l'arrivée de l'automne s'est mise à signifier que c'était la rentrée, que j'allais en chier pour une année de plus et devoir reprendre la (longue) route jusqu'à un boulot que je détestais. Et l'automne a commencé à m'angoisser.
Mais, depuis juillet, c'est fini, je ne serai plus jamais instit. Et même si j'ai dû faire une rentrée pour mes deux nouveaux boulots en septembre (je cumule deux temps partiels, pionne dans un lycée la nuit et apprentie journaliste le jour, en plus de la reprise de mes études) (je suis kamikaze), l'automne recommence à avoir une trombine sympathique de bon vieux pote oublié qui me fait des clins d’œil dans la lumière rasante du soir et les feuilles rouges de la vigne vierge.
Nouvelle mai son. Mon ancien foyer, devenu trop petit, était également saturé de ces mauvaises influences. Maintenant j'ai ce que je voulais (une maison indépendante avec jardin, proche de la campagne), et même si ça me demande deux fois plus de travail je me sens à ma place chez moi.
Nouveau(x) boulot(s). C'est le plus gros changement, et le plus profitable. Je revis, même si mes horaires sont difficiles et que je n'ai techniquement qu'un seul jour de congé (et encore). Mais l'un de mes nouveaux jobs me passionne, l'autre ne me dérange pas, je m'estime donc heureuse. Et, joie suprême, quand je rentre chez moi, je rentre vraiment chez moi, je ne ramène pas une masse de boulot supplémentaire à faire à la maison.
Nouveau rythme. Je travaille de nuit et en soirée trois fois par semaine, et je bosse tous les week-end, dimanche compris. J'ai donc un boulot complètement à contre courant des jobs habituels des gens "normaux". Je pars au boulot quand ils rentrent, je rentre quand ils partent, je bosse quand ils sont en congé, je me repose quand il reprennent. Et bien en fait j'aime ça. Je me sens à contre-courant et ça ne me déplaît pas. Le seul bémol, c'est que mon barbichu a un boulot "normal" et qu'on ne se voit donc pas souvent. Mais c'est un rythme à prendre.
Je n'ai rien fait de spécial pour la Lune des Chasseurs (malgré le fait qu'elle soit une super pleine lune particulièrement somptueuse à regarder), à part lui confier mes nouvelles pierres à charger et décorer mon autel avec les baies ramassées dans ce si beau moment, pour symboliser la moisson physique et spirituelle que je suis en train de faire. Ma nouvelle vie n'est pas de tout repos, je travaille plus pour gagner moins mais ... Je n'ai absolument aucun regret (je me bidonne même pas mal devant les aléas catastrophiques engendrés par les nouveaux rythmes scolaires).
Je suis crevée, mais sereine. En juin de l'année prochaine, je bouclerai ce mémoire laissé en plan depuis trop longtemps, et ça aussi c'est une joie immense. Travailler pour un journal me (re)valorise, je me sens utile, il me fait découvrir plein de choses, m'ouvre au monde auquel j'appartiens et surtout me fait vivre de ce que j'aime le plus : écrire. L'autre me permet de gagner suffisamment d'argent pour manger quand j'ai faim et payer les démons de l'EDF, et je découvre un lien nouveau avec les élèves, plus proche, plus intimiste, qui me plait beaucoup.
Automne, accroche-toi, me (re)voilà !