Et elle a aussi une pièce entière dédiée à la pratique magique.
J'avoue que cela fait des années que j'espérais pouvoir dire ça. Des années que je fantasme mon hypothétique future maison, que je la meuble et la décore dans ma tête, que je m'y installe, que j'y allume des bougies imaginaires en y dégustant un thé chimérique.
Et là, fin juin, j'ai quitté mon appartement (que j'aimais beaucoup mais que j'ai laissé sans le moindre pincement au cœur, tant il a symbolisé des moments pas glop de ma ptite vie) pour une maison qui n'est pas à proprement parler à moi (le barbichu et moi n'en sommes que locataires) mais dans laquelle je compte bien poser mes pénates un bon moment, déjà parce qu'elle est vraiment géniale, avec des recoins partout et un jardin-ni-trop-grand-ni-trop-petit-même-qu'il-y-a-un-cerisier-un-noisetier-un-framboisier-un-fraisier-du-persil, et aussi parce qu'un déménagement, c'est tellement galère que je me donne une bonne décennie pour me remettre totalement de la brutale allergie au carton qui me terrasse depuis six jours.
Bizarrement, alors que la plupart des gens "normaux" se ruent sur leurs fringues/leur bouffe/leur télé/leurs produits de beauté lors du Grand Déballage, moi je me suis jetée sur ... mon autel. C'est con, mais savoir mes précieux objets, ma baguette chérie, mon athamé gentil, mon Grimoire adoré et leurs potes serrés comme des sardines dans un carton, entassé avec une centaine d'autre à la cave, me faisait mal au ventre. J'ai donc installé mon autel avant même de brancher ma gazinière, religieusement, pour que mes outils se sentent à leur aise dans leur nouveau chez eux. L'une des chambres (baptisée "la Bibliothèque" pour le commun des mortels) l'a donc accueilli, ainsi que ma malle chérie, mes livres ésotériques, mon cabinet de curiosités, un fauteuil dodu et une table à thé blottis à côté de la fenêtre du jardin, le tout disposé autour de mon grand tapis rond, histoire d'avoir un Cercle tout tracé.
Une fois (presque) toutes mes affaires déballées, c'est avec ma Soeurcière, Meadow, et mon barbichu (qui a bien voulu participer au rituel, une grande première !) que nous avons purifié et béni notre foyer, fumigation-maison à l'appui (un mélange de millepertuis, sauge et résine de pin, qui sentait divinement bon), prière aux Esprits du Lieu, sigils tracés à la craie sur le sol et runes apposées magiquement sur les murs pendant que les chandelles brûlaient doucement sur la cheminée. C'était un rite de bénédiction très simple, doux et pur, qui a laissé de belles vibrations de sérénité derrière lui (en plus d'une délicieuse odeur d'encens maison).