(Oui je sais le titre est hyper pompeux. M'en tape)(je rentabilise mes années de torture latinesques)
Le thème de la seconde session de Sylphe (mais si, rappelez-vous, je vous avais parlé de ce projet ici) est à la fois très vaste et très nébuleux, puisqu'il s'agit du rapport au corps dans notre spiritualité. Hm. Je vais faire de mon mieux ...
Déjà, mon corps et moi, on est pas hyper copains. Trop ceci à certains endroits, pas assez cela à d'autres, je lui trouve tous les défauts. Florilège ? Mon bidou tout triste, mes jambons pas beaux, les piqûres de moustiques qui me tiennent lieu de poitrine, mes bras de guenon, mon nez de traviole, ma, mes, mon ... Bon, on va pas y passer Yule non plus.
En plus, il est plein de malfaçons. Anémie chronique inexpliquée et inexplicable, jambe droite discount, cloison du nez déviée qui fait que je suis enrhumée H24, peau hyper réactive, articulations qui grincent comme des vieilles portes ... Bref, c'est la merde à Westeros. Alors forcément, tout ça ne m'a jamais poussée à aimer mon corps outre mesure. Je suis dedans, il bouge (parfois) comme je veux, je le nourris (quand j'y pense ... je sais, je suis nulle), point barre. Alors bon, imaginez mon enthousiasme quand j'ai découvert le thème ...
Le pire dans tout ça ? Les arbres tordus sont mes préférés.
Dans ma pratique, mon corps est avant tout un distributeur à offrandes. Cheveux, sang, salive, je donne à peu près tout, pour sacrifier une partie de mon essence. C'est important, pour moi, de rendre mes offrandes les plus personnelles possibles, et mon ADN me semble tout indiqué pour ça. J'ai même mes endroits favoris pour me piquer, là où je n'aurais pas mal et où je suis sûre que j'aurais une belle perle de sang.
Par contre, pour le reste, mon corps est un peu laissé de côté ... Je mets une robe de cérémonie, je me purifie (fumigation de sauge, mon amie), mais c'est tout. L'idée de la nudité rituelle me fait frémir, déjà que bouger n'est pas facile ... Alors que je peux jouer de la Sansula au milieu d'un Cercle sans en être gênée le moins du monde, danser me met au supplice dès que je sais que quelqu'un me regarde. Seule ça va, et encore. Je me sens pataude, lourde, sans grâce, je ne suis pas souple pour un sou (mon père disait que j'étais souple comme un verre de lampe, pour souligner ma formidable aptitude à me casser les os). Bref, je suis maladroite à gauche, et gauche à droite.
Bon, vous l'aurez compris, je n'honore pas particulièrement mon corps. J'en prends soin, évidemment, comme d'une habitation, pour y vivre au mieux, mais pas comme d'un temple ultra décoré et 100% sacré. Je ne suis pas de ces filles qui vont qualifier poétiquement leur difficile moment du mois en disant dans un battement de cils "J'ai mes lunes", non, moi je balance plutôt une expression délicate et distinguée du style "C'est Bagdad au rez-de-chaussée" en me roulant en boule, ma malachite pressée sur mon ventre explosé.
Mais j'ai l'habitude, depuis longtemps, de dessiner sur mon corps (mes bras, mes jambes, mes mains, même mon visage) pour fusionner des symboles sur ma peau. A l'eye liner pour des ornements très éphémères, au jagga pour des tatouages temporaires plus longs. Pour mon oral de CRPE, en plein Litha, je m'étais présentée les bras et les jambes couverts de symboles solaires au jagga (qui n'étaient pas partis à temps ... Ce qui ne m'a pas empêchée d'avoir le concours. Un comble, quand on voit que maintenant on me fait skier rien que pour ma couleur de cheveux. Breeeeef). Mais même là, mes complexes ont la vie dure. Je ne tatoue que les zones que je ne déteste pas, cachant soigneusement les autres.
Quand je me suis faite tatouer, il était évident que chacun de mes tatouages aurait un emplacement précis et serait chargé comme un rituel permanent, inscrit dans ma chair pour l'éternité.
Eolh a été la première évidence, pour protéger mon âme que je reconstruis péniblement, empêcher qu'elle soit de nouveau déchiquetée, et pour cela elle a pris place près de la main que j'utilise pour manier les armes et la plume (je ne suis droitière que pour ces deux choses, gauchère pour tout le reste, ayant été une ambidextre contrariée par les maîtresses bien pensantes). En symétrie, Ur prendra bientôt place de l'autre côté, pour que ma force que je suis actuellement en train de recoller ne me quitte plus jamais. Ma main gauche étant la plus forte (celle que j'utilise pour ouvrir les bouteilles, pour scier, pour visser, envoyer un coup de poing dans un nez ...), ça me parait logique.
Mon symbole personnel (que j'ai dessiné en 4ème pendant un cours d'Histoire), a pris place dans mon dos, tout en haut, sous la première dorsale. Là encore, c'était réfléchi. Je ne souhaite pas étaler ce symbole à tout va (pour ça que vous ne le verrez pas ici, sauf accident photographique) il doit donc être caché facilement (merci cols montants et cheveux longs). Il est dans mon dos car je porte ma spiritualité comme un bagage précieux, sur ma colonne vertébrale tant elle est vitale, entre cervicales et dorsales car elle touche autant mon mental (ma tête), que mon corps physique.
Bref, mon corps et moi, c'est pas encore ça. J'ai fait des progrès depuis le temps où je pouvais à peine me voir dans le miroir sans friser la crise d'apoplexie (il m'arrive même, ô prouesse, de me trouver jolie de temps en temps, avec un vêtement flatteur ou un maquillage réussi), mais il y a encore du chemin à faire ...
D'ac-corps (Aranna)
Le Corps et la Cuisine (Rhi-Peann)
Le Garde-Fou (Brume)
Le Golem qui grince (Touseg)
Corps et âme ... Mais surtout corps ! (Musheart)