88. Comment as-tu créé ton cheminement ? Qu'est-ce qui le rend unique ?
Haha, vaste question. Il me faudrait bien plus d'un article de blog pour y répondre, mais en gros mon cheminement est un reflet de mes attirances, de mes envies, de mes convictions personnelles profondes et de mes habilités. Je n'appartiens à aucun courant pré-existant pour la simple et bonne raison que j'en ai essayé beaucoup, et que j'ai toujorus trouvé des choses qui ne m'allaient pas (trop de ceci, trop peu de cela ...). Du coup, comme beaucoup je pense, j'ai préféré construire quelque chose à ma sauce. Aujourd'hui, tout ça ressemble à un mélange étroit de sorcellerie des campagnes mêlée de ma passion pour l'herboristerie, avec une grosse pincée de magie des pierres et une belle louche de magie animale. Sur tout ça, je suis écartelée (mais heureuse) (si si, c'est possible) entre plusieurs traditions très diverses, celtisme évidemment, puisque c'est la culture de la terre sur laquelle je vis (je suis loin de me proclamer druide ou barde pour autant, je n'ai pas cette prétention, mais ce sont deux voies sur lesquelles je creuse beaucoup), mais aussi nordisme pour mon attachement aux sagas scandinaves et germaniques que je lis depuis toute petite (c'est d'ailleurs la première mythologie que j'ai connue, mais comme précédemment, de là à me proclamer Viking il y a un pas que je ne franchirai pas) et slavisme par mes racines russes (par contre je me proclame allègrement URSS. Urluberlue Russe et Sorcière Siphonnée). Du coup, mon cheminement est forcément unique, puisque je mêle à tout ça mes croyances personnelles (parfois tortueuses et contradictoires, mais je m'en fous, je ne me contrarie pas), et que du coup tout ça donne un joyeux mélange qui ne va finalement qu'à moi (un peu comme mon pull de Noël, au fond).
89. Sens-tu que tu possèdes certaines capacités naturelles ou affinités (prémonitions, écoute des esprits, etc) qui te guident sur le chemin de la pratique ? Si oui, quelles sont-elles ?
Vous voulez dire à part manier les parenthèses comme personne ?
J'ai une nette affinité (je ne vais pas parler de don ni, pire, de "pouvoir" étant donné que ce serait à mes yeux profondément prétentieux) (notez l'usage parfaitement pertinent de la parenthèse) (merci) pour la divination et la magie par les plantes. Rien de très spectaculaire, mais c'est suffisant pour m'orienter dans ma pratique, oui. Si je suis avant tout à l'aise avec le Tarot, je touche un peu à tout, oracles, feuilles de thé, cristallomancie, marc de café, oracle d'objets personnels, divinations élémentales, bibliomancie ... C'est vraiment un domaine que j'adore. Je suis beaucoup plus douée avec les autres que pour moi (pour moi je peux même être une vaste blague cosmique) et c'est du coup devenu un moyen de rendre service, ou de familiariser les gens avec ce monde en douceur (il est plus simple de tirer les cartes à quelqu'un de sceptique que de l'inviter à un rituel).
90. Crois-tu pouvoir t'initier toi-même ou dois-tu être initiée par une autre sorcière ou un autre coven ?
Je crois à l'auto-initiation, même si je ne rejette pas l'idée de l'initiation par un tiers si l'on veut suivre une voie prédéfinie. Comme ce n'était pas mon cas, j'ai procédé toute seule à une auto-bénédiction pour me présenter sur ma voie, avec des voeux que je renouvelle tous les ans.
Comme je l'ai déjà dit, je ne me souviens pas vraiment d'avoir débuté, du coup je pratiquais avec des objets qui étaient dans ma maison depuis toujours (et que je piquais allègrement dans les placards de ma mère pour la plupart). Mais l'un de mes premiers outils franchement magiques, achetés uniquement dans ce but et pas recyclé depuis une autre fonction plus "profane" après un cambriolage en règle de la cuisine familiale était un petit chaudron en fonte (ma mère était lasse de récurer ses petites casseroles) déniché sur une brocante.
92. Quel est l'endroit le plus spirituel ou le plus magique où tu sois allée ?
Le Mont-Saint-Michel. Sans la moindre hésitation. Cet endroit est (était ?) profondément mystique, et m'a énormément marquée quand j'y suis allée pour la première fois (c'était en 1997). J'ai beau ne pas être catholique (mais bon, il est construit sur un site celte, donc ...) ce site vibre d'une intensité inégalée. J'y suis retournée plusieurs fois depuis, et le tourisme a fait beaucoup de mal (notamment cet odieux parking et l'interminable chemin en tramway que l'on fait pour y aller en serpentant entre les MacDo et les hôtels Mercure) (paie ta spiritualité), mais j'en garde toujours le souvenir d'une version réelle de la Minas Tirith de Tolkien qui avait hanté mon imagination, surgissant de la brume au-delà des prés salés uniquement habités par les moutons (vision à jamais disparue, mais pour toujours gravée dans ma mémoire).
"Allez demander des conseils à quelqu'un d'autre, je n'ai pas de divinité patronne et je ne suis pas fan de cette idée. Un biscuit avant de partir ?"
94. Quelles techniques utilises-tu pour parvenir à la "zone" lorsque tu médites ?
Comme j'ai déjà dû le dire, je ne suis pas la reine de la méditation. J'ai essayé le souffle, les idées positives, la visualisation de lumières colorées, mais il n'y a pas à chercher six ans, ce qui marche le mieux pour moi, c'est un geste répétitif. Mets-moi un tricot entre les mains, et je suis dans la "zone" en moins de temps qu'il n'en faut pour dire "maille croisée".
95. La visualisation te vient-elle facilement ou as-tu besoin d'entraînement ?
J'ai toujours visualisé, dès toute petite, puisque j'inventais sans arrêt des histoires. Du coup, c'est très facile pour moi, sans doute parce que j'ai des années d'entraînement !
96. Préfères-tu le jour ou la nuit ? Pourquoi ?
La nuit ! Sans hésiter. Je suis plus productive, plus ouverte, plus calme et plus lucide la nuit. Le jour, mon esprit part dans tous les sens et je suis facilement déconcentrée, dispersée ou stressée. La nuit, tout retombe, et je suis dans cet état merveilleux où j'ai l'impression d'être la seule personne encore debout, d'être seule au monde, et de bénéficier d'un moment spécial que les autres, endormis, n'ont pas. Quand j'étais étudiante, comme je ne faisais pas beaucoup d'horaires (soyons lucides) je vivais essentiellement la nuit, j'allais me coucher vers 5 ou 6h pour me lever à midi. Je révisais plus efficacement, j'écrivais plus facilement (d'ailleurs je suis incapable d'écrire de jour), je faisais énormément de choses, alors que la journée, j'étais beaucoup moins productive. La vie active arrivant (avec un boulot où je débute à 7h30, aaaargh), vivre la nuit n'est plus possible, et ça me manque beaucoup. J'aimais tellement écouter le silence.
97. Pour toi, quel est le meilleur endroit et le meilleur moment pour lancer des charmes ?
Je sorcelle essentiellement de nuit, pour les raisons citées avant, et quand je suis en intérieur, je travaille dans la pièce que je réserve à ma pratique. Je m'y sens bien, à ma place et en sécurité. Je travaille aussi beaucoup dehors, en pleine nature, auquel cas je pratique plutôt de jour, pour des raisons évidentes. Mais je ne crois pas qu'il y ai de temps et de lieu idéal, tout dépend du travail accompli. Pour un charme de bannissement, je vais préférer la nuit, à l'abri de mon foyer. Pour un charme d'abondance, je vais choisir le plein midi, au milieu des champs. Tout est question de cadre.
98. Comment t'es-tu sentie pour ton premier cercle ? As-tu trébuché ou tout s'est-il au contraire bien passé ?
Franchement je ne m'en rappelle pas vraiment ... J'ai toujours plus ou moins pratiqué, alors la première fois s'est perdue dans ma mémoire. Mais je n'ai pas de mauvais souvenirs de cercles, donc je suppose que ça s'est toujours bien passé. Quand j'ai vraiment commencé à faire les choses dans des bases et des règles solides, vers 11 ans, je ne suis jamais vraiment posé de questions au moment du traçage du cercle, c'était un acte naturel.
99. Crois-tu que la sorcellerie devient plus facile avec le temps et la pratique ?
J'ai envie de dire que ça dépend. Certes, avec le temps on gagne en pratique et en maturité, on fait moins d'erreurs, on anticipe les choses, mais on cogite aussi beaucoup plus que quand on débute en se lançant là-dedans la fleur au fusil. Personnellement j'ai l'impression que c'était plus facile quand j'étais gosse, car je me posais moins de questions, j'avais moins de sources contradictoires à gérer et sans doute que l'ego prenait moins d'importance, aussi, soyons honnêtes. J'écoutais bien plus mon instinct, mes tripes, que maintenant où j'ai trop tendance à tout vouloir analyser et rationnaliser.
100. Crois-tu en plusieurs dieux ou en un seul Dieu aux multiples visages ?
Je suis une polythéiste pure et dure. Plusieurs dieux. Beaucoup, même.
101. Manges-tu de la viande, des oeufs et des produits laitiers ?
Je suis ovo-lacto-végétarienne, je consomme donc des oeufs et du lait, mais pas de viande ni de poisson. Cela dit je fais attention, je ne consomme que les oeufs de mes poules et quand j'achète du lait, je le prends bio et de préférence à un producteur local.
102. Quelle est ta couleur préférée et pourquoi ?
J'en ai deux, le vert et le rouge, opposées mais complémentaires. J'aime le rouge pour sa chaleur et la joie qu'il dégage, le vert pour sa quiétude et son naturel.
103. Quelle est la question que te posent le plus souvent les non-païens ou non-pratiquants, et que réponds-tu habituellement ?
Au sujet des cartes : "et ça marche ?"
Ce à quoi je réponds systématiquement : "ben non, ça n'a pas de jambes".
À question idiote ...
104. Lequel de tes cinq sens penses-tu être le plus fort ?
Le toucher. Je suis hyper sensible (une étiquette peut me mettre au supplice au point de me déclencher une dermatique impressionnante, je suis horriblement chatouilleuse et tactile uniquement si je suis trèèèèès en confiance) (du coup j'ai une sainte horreur des gens presque inconnus qui touchent pour me parler, genre "tiens, je pose une main sur ton bras" brrrr. Vade retro). Bon, il faut dire que les autres sens ne sont pas avantagés, étant donné que je suis hypermétrope comme une taupe borgne, que ma cloison nasale est déviée, que je suis tellllllement attentive que j'en deviens presque sourde et que mon goût est uniquement omnubilé par les pâtes de fruits et la confiture kiwi-bananes de ma maman.
105. Y a-t-il une règle païenne ou sorcière que tu prêches mais ne suis pas ?
"Ne fais de mal à personne". Je m'en fais parfois tellement à moi-même que je devrais m'auto-lycher en place publique. Et il m'arrive d'être très maladroite avec les gens, au risque de les blesser, chose que je regrette toujours une fois que le mal est fait. Donc non, je ne respecte malheureusement pas cette règle !
À très bientôt pour de nouvelles aventures !