Pour autant, ça ne m'a pas empêchée d'apprendre et d'avancer. Bien au contraire, j'ai pu trouver ma voie toute seule, à l'instinct, au flair, en fonction de mes envies et de mes convictions profondes, sans personne pour me dire quoi faire et quoi penser. Spirituellement, c'est un bel atout pour se trouver.
Seulement, je me suis aperçue que toutes ces raisons qui m'ont poussée à chercher un coven, des compatriotes sorcière et tout le tutti quanti étaient de mauvaises raisons. Des raisons pratiques ("tiens, c'est cool, je ne serai pas toute seule pour aller fureter au fin fond des bois ce soir"), des raisons sociales ("ah super, je vais pouvoir parler de ce tirage/ce sachet-charme/ce rêve qui me turlupine depuis trois jours"), des raisons futiles ("chouette, on va pouvoir se donner des astuces pour faire des décos trop classes dans nos Gros Pleins de Pages").
Mais avais-je vraiment BESOIN d'un coven ? Besoin d'être avec d'autres personnes pour que ma magie fonctionne ? Besoin de partager l'énergie pour la ressentir ? Besoin d'échanger sur mes convictions et mes expériences pour les renforcer ?
Je suis une saleté de sorcière solitaire, pour le pire ... et pour le meilleur, aussi.
Parce que bon, on sait pointer les (nombreux) avantages d'un coven, mais on glorifie rarement ceux (tout aussi nombreux) des jeteurs de sorts isolés. On vous dit qu'être seul, c'est être isolé, ne pas pouvoir partager, échanger, discuter, jeter des sorts en utilisant seulement sa propre énergie, être condamné à se tirer les cartes/les oracles/les feuilles de thé tout seul (avec les aléas que cela engendre) (Deck of the Bastard, si tu pouvais arrêter de me faire la gueule parce qu'UNE SEULE FOIS dans ma chienne de vie je ne t'ai pas écouté, ce serait sympa, merci). Et c'est vrai. Mais être seul, c'est aussi suivre son intuition sans avoir besoin de se justifier ou de convaincre quelqu'un. C'est pouvoir jeter un sort ici, maintenant, parce qu'on le sent, sans se soucier des disponibilités des autres. C'est ne mettre que son énergie dans son intention, viscéralement, sans avoir besoin d'expliquer aux autres ce que l'on attend d'eux. C'est faire ses propres choix, ceux qui nous correspondent vraiment, sans être guidés, ou pire, jugés, par quelqu'un qui pense savoir mieux que soi. Au final, je m'épanouis bien plus dans les échanges ponctuels, dans la correspondance foisonnante que j'entretiens par exemple avec une jeune sorcière, dans une petite pratique occasionnelle avec Meadow quand on se croise, dans mes thé-tarots avec les gens intéressés par ces voies, que dans une pratique grandiloquente en groupe. J'ai besoin de simplicité, de sincérité et de fluidité. Et dans un groupe ... c'est difficile à trouver.
Alors oui, parfois, c'est encore frustrant. Mais quand j'arpente les sentiers, seule, mon panier au bras et mon sac me battant le dos, en suivant les rubans de brume et le chant des oiseaux, je me sens libre, pour de bon.